Theodore Cardwell Barker, professeur émérite d’histoire économique à l’Université de Londres, décédé le 22 novembre 2001 à Faversham, Kent, à l’âge de 78 ans, a occupé la fonction de Président du Comité International des Sciences Historiques (CISH) entre 1990 et 1995.  Son mandat au CISH a coïncidé avec le moment où ce dernier prenait de nouvelles orientations, cherchant à rajeunir ses structures et à revoir ses modes d’action.  T. C. Barker a joué un rôle significatif dans cette entreprise de transformation.

Né à St. Helens, près de Liverpool, le 19 juillet 1923, T. C. Barker étudie dans sa ville natale avant d’entreprendre des études universitaires à Oxford (Jesus College) où il obtient son MA et de les poursuivre à l’Université de Manchester qui lui décerne un PhD en 1951.  Spécialiste d’histoire économique, il examine dans ses premiers travaux une ville au moment de l’industrialisation.  Plus tard, il s’intéresse aux processus industriels, en particulier la fabrication du verre, et surtout à l’histoire des transports, dont il devient un éminent spécialiste en Grande-Bretagne.  Ses recherches sur les routes, l’automobile et les transports londoniens ont fait autorité.  Il s’intéresse à l’histoire orale et compte parmi les fondateurs de l’Oral History Society.  Il était marié depuis 1955 à Judith (Joy) Pierce.

Sa carrière se déroule principalement à Londres et à l’Université du Kent à Canterbury.  Il enseigne à la London School of Economics de 1953 à 1964 (Lecturer, puis Reader in Economic History). Par la suite, il passe à la nouvelle University of Kent at Canterbury, dont il est l’un des fondateurs, le premier professeur en histoire économique (1964-1976).  En 1976, il revient à la London School of Economics, occupant la London University Chair in Economic History.  Il décide de prendre sa retraite en 1983 et est nommé professeur émérite de l’Université de Londres.  Son énergie et la diversité de ses intérêts l’amènent à prendre de nombreuses responsabilités dans des associations savantes.  Secrétaire de l’Economic History Association (Grande-Bretagne) de 1960 à 1986, il en devient président entre 1986 et 1989.  Il est Fellow de la Royal Historical Society en 1963 et préside le British National Committee of Historical Sciences de 1978 à 1993.  De la même façon, il préside l’Oral History Society de 1973 à 1977.

T. C. Barker vient au CISH par le biais de ses responsabilités comme président du British National Committee.  Élu au Bureau pour un premier mandat de cinq ans en 1980, il devient Vice-Président en 1985 et Président en 1990.  À la fin de sa présidence, il devient membre conseiller du Bureau, fonction qu’il occupait au moment de son décès.  Dès son entrée en fonction comme Président, Theo Barker prépare, conjointement avec le Vice-Président Ivan Berend, un mémorandum sur l’état du CISH qui constitue en quelque sorte un programme d’action.  Ce texte, publié dans le numéro 19 du Bulletin du CISH (1993), propose de revoir la structure des congrès quinquennaux pour les rendre plus vivants et suggère que le CISH devienne plus actif entre ses congrès. 

Ces propositions ont été largement suivies, notamment lors du Congrès de Montréal et de celui d’Oslo.  Quant aux activités entre les congrès, le Bureau en a fait une de ses préoccupations constantes, cherchant à organiser de telles manifestations.  Theo Barker était également fort soucieux d’amener les historiens à s’adresser au grand public, à ne pas se contenter de dialoguer entre eux.  Il désirait cette ouverture et appelait de ses vœux des contacts plus suivis avec les médias.  Par ailleurs, il a fait des efforts pour ouvrir davantage le CISH sur le monde plutôt qu’uniquement sur l’Europe et l’Amérique du Nord.

Theo C. Barker aura donc joué un rôle important dans la transformation du CISH après le Congrès de Madrid.  À l’instar des autres membres du Bureau, il a facilité les changements de structure et de fonctionnement du Comité international.  Dans son message d’adieu à la fin de son mandat (Bulletin, numéro 22, 1996), il prend acte des changements effectués et rappelle les autres objectifs à atteindre, notamment l’ouverture du CISH sur l’ensemble du monde et l’importance pour les historiens de continuer à tenter d’atteindre un public plus vaste.  Ses avis judicieux et sa bonne humeur communicative manqueront au CISH.