Alain Dubois s’est éteint à Lausanne le 29 février 2008 des suites d’une opération chirurgicale cardiaque. Il avait occupé le poste de trésorier du CISH et, à ce titre, il avait fait partie du « Bureau restreint » de 1980 à 1995. Il a collaboré étroitement avec trois présidents, les professeurs Alexander Gieysztor, Ernesto de la Torre Villar et Theo Barker et avec deux secrétaires généraux, Hélène Ahrweiler et François Bédarida. Il joua un rôle actif dans la refonte des statuts du CISH qui furent adoptés à Prague le 4 septembre 1992 et a contribué à l’organisation des Congrès de Stuttgart (1985), Madrid (1990) et Montréal (1995). Alain Dubois a prolongé la tradition des trésoriers suisses du CISH, le premier, Hans Nabholz (Université de Zurich), ayant exercé ses fonctions de 1933 à 1938 avant de devenir président. Anton Lagiardér (Université de Zurich), trésorier de 1950 à 1952, eut pour successeurs une série de trésoriers professeurs à l’Université de Lausanne : Louis Junod (1952-1967), Jean-Charles Biaudet (1967-1980), Alain Dubois (1980-1995), enfin Pierre Ducrey (1995-2007). Laurent Tissot, entré en fonction le 1er janvier 2008, est professeur à l’Université de Neuchâtel. Le soussigné a eu le privilège de succéder à Alain Dubois dans deux fonctions, celles de doyen de la Faculté des lettres de l’Université de Lausanne, puis de trésorier du CISH. Il a toujours apprécié sa loyauté, son dévouement et son esprit d’ouverture teinté d’une douce ironie.

Né à Saint-Gall en 1932, en Suisse germanophone, de parents francophones, Alain Dubois effectue sa scolarité en allemand tout en étant de langue maternelle française. Son bilinguisme lui permettra par la suite de tisser des ponts entre divers bassins culturels. Il achève ses études de lettres à l’Université de Zurich par une thèse de doctorat dans le domaine de l’histoire économique. Son ouvrage majeur (« Die Salzversorgung des Wallis 1500-1610. Wirtschaft und Politik », 1965, 750 pages), traite d’une matière première essentielle en milieu alpin, le sel. À sa lecture, on entre de plain pied dans l’histoire « globale », économique, sociale, mais aussi diplomatique et politique. Le sel fera non seulement la fortune mais aussi la puissance politique des élites locales, les Stockalper et Mageran.

Alain Dubois est nommé professeur d’histoire « moderne générale et suisse » (XVIe-XVIIIe siècles) à l’Université de Lausanne en 1971. Il occupera son poste jusqu’à sa retraite en 1999, tout en occupant le poste de doyen de sa faculté de 1978 à 1980. Il a été directeur de l’Institut Benjamin Constant de l’Université de Lausanne (1991-2001) et a présidé la Société suisse d’histoire (1988-1989) et la Société vaudoise d’histoire et d’archéologie (1994-1995). Il fut hautement apprécié pour la qualité de ses expertises scientifiques. À ce titre, il fut membre du Comité de rédaction qui pilota la « Nouvelle Histoire de la Suisse et des Suisses », ouvrage collectif qui connut de nombreuses rééditions. Très aimé de ses anciens étudiants et collaborateurs, à qui il consacra son temps et son énergie, il se vit offrir un volume d’hommages intitulé « Gente ferocissima, Mercenariat et société en Suisse, XVe-XXe siècle », 1997, 360 pages, recueil d’articles d’histoire militaire principalement suisse.

Comme président de la Société suisse d’histoire, Alain Dubois s’est engagé dans l’entreprise scientifique sans doute la plus ambitieuse dont il aura été l’une des chevilles ouvrières : la rédaction d’un « Dictionnaire historique de la Suisse », appelé à devenir la somme actuelle des connaissances historiques sur la Suisse. Le 6e volume de cet ouvrage, également disponible sur Internet, est paru en fin 2007. 

Parmi les aspects moins connus de sa carrière et de sa personnalité, figure son engagement dans l’armée suisse, au sein de laquelle il atteignit le grade de lieutenant-colonel d’infanterie. Durant la dernière partie de sa vie, avec son épouse Suzanne, il consacra le plus vif de ses forces à sa collection d’art contemporain et mena un combat inlassable pour la construction d’un nouveau musée des beaux-arts de sa ville d’adoption, Lausanne.

Alain Dubois mit au service du CISH son sens de l’organisation et des relations humaines. Unanimement apprécié par les membres du Bureau qui l’ont connu, il laisse le souvenir d’un homme chaleureux, généreux de son temps et de ses efforts, efficace et cordial.

Pierre Ducrey
Trésorier du CISH 1995-2007